A proprement parler, la troisième femme de Gontran n'a été en aucune façon la troisième femme de sa vie, quoique son passage fulgurant y ait laissé un souvenir impérissable. La seule chose que l'on pourrait dire à l'appui d'un décompte aussi discutable, serait qu'Yvonne Ruchel fut réellement la troisième conquête de Gontran le boiteux reçue dans l'intimité de la famille, admise à partager sa chambre de l'hôtel Poussegrain. D'abord Gontran ne l'épousa point. Ensuite, il avait eu bien d'autres aventures en ville avant elle. Enfin, Yvonne Ruchel était le pseudonyme d'un homme travesti. Il faut bien dire un jour la vérité sur le cas d'Yvonne Ruchel.
Cette personne fit entrer le sens de l'horreur et de la perversion dans une maison encline par dessus tout à la mesure. Yvonne Ruchel était peintre, elle jouissait même d'une petite réputation parmi les voyous adonnés au cubisme analytique. La première des deux nuits où Gontran l'introduisit au sein de sa vaste famille, il se passa peut-être des choses choquantes, mais rien du moins n'en rejaillit sur des innocents. Par contre, la nuit suivante, les plus sales instincts de cette personne se déchaînèrent à l'encontre du portrait en pied de Julie Poussegrain, accroché dans l'escalier, noble et belle figure d'ancêtre saisie en pleine jeunesse par la brosse d'un talentueux anonyme du XIXeme siècle. Portrait d'une telle vérité, si vivant, qu'il hurla de désespoir et de douleur jusqu'au matin, mais nul ne l'entendit car Yvonne Ruchel avait drogué tout le monde.
L'agression consista à édifier à la peinture à l'huile, autour de la victime, un appareil de cubes habilement imbriqués, puis à assener de larges aplats géométriques sur toute la surface encore libre du tableau, ne laissant subsister qu'une fenêtre par où apparaissait une moitié de visage défiguré au couteau, pâteux, ainsi qu'un œil agrandi de terreur. Le tout dans les tons bruns et gris sinistres.
Son forfait accompli, cette personne, qui semblait n'avoir séduit le malheureux Gontran qu'à cette fin, disparut.
Le vieux Juste Poussegrain faillit en mourir d'affliction, la famille dut transporter d'urgence le tableau à l'atelier de restauration du Louvre, où il demeura près d'un an en traitement. Au cours des soins, on découvrit que sous la jupe originelle du portrait, un pied manquait inexplicablement, soit que l'artiste eut manqué de temps, pressé de reproduire le vêtement, soit qu'il se fut plus simplement trouvé à cours de pigments carnés. A la demande de la famille, le restaurateur peignit une prothèse si parfaite que rien ne permit par la suite de distinguer l'ancien pied du nouveau.
Cette personne fit entrer le sens de l'horreur et de la perversion dans une maison encline par dessus tout à la mesure. Yvonne Ruchel était peintre, elle jouissait même d'une petite réputation parmi les voyous adonnés au cubisme analytique. La première des deux nuits où Gontran l'introduisit au sein de sa vaste famille, il se passa peut-être des choses choquantes, mais rien du moins n'en rejaillit sur des innocents. Par contre, la nuit suivante, les plus sales instincts de cette personne se déchaînèrent à l'encontre du portrait en pied de Julie Poussegrain, accroché dans l'escalier, noble et belle figure d'ancêtre saisie en pleine jeunesse par la brosse d'un talentueux anonyme du XIXeme siècle. Portrait d'une telle vérité, si vivant, qu'il hurla de désespoir et de douleur jusqu'au matin, mais nul ne l'entendit car Yvonne Ruchel avait drogué tout le monde.
L'agression consista à édifier à la peinture à l'huile, autour de la victime, un appareil de cubes habilement imbriqués, puis à assener de larges aplats géométriques sur toute la surface encore libre du tableau, ne laissant subsister qu'une fenêtre par où apparaissait une moitié de visage défiguré au couteau, pâteux, ainsi qu'un œil agrandi de terreur. Le tout dans les tons bruns et gris sinistres.
Son forfait accompli, cette personne, qui semblait n'avoir séduit le malheureux Gontran qu'à cette fin, disparut.
Le vieux Juste Poussegrain faillit en mourir d'affliction, la famille dut transporter d'urgence le tableau à l'atelier de restauration du Louvre, où il demeura près d'un an en traitement. Au cours des soins, on découvrit que sous la jupe originelle du portrait, un pied manquait inexplicablement, soit que l'artiste eut manqué de temps, pressé de reproduire le vêtement, soit qu'il se fut plus simplement trouvé à cours de pigments carnés. A la demande de la famille, le restaurateur peignit une prothèse si parfaite que rien ne permit par la suite de distinguer l'ancien pied du nouveau.
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