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mercredi 14 mai 2008

La vie, Lili ! (chapitre 2)

2 — Daniel

Les gosses s'éparpillaient à la sortie de l'école ; Daniel Martinet et ses copains d'immeuble traversaient la rue Réaumur, pleins d'appétit. Ce que Daniel préférait pour goûter, c'était une tartine beurrée parsemée de copeaux de chocolat noir que sa mère râpait au couteau sur le chant de la tablette. Malheureusement, chez les Martinet, on ne rabotait plus le chocolat à la fin du mois.
Debout sur le seuil de sa boutique, rue des Petits-Carreaux, les mains plongées dans les larges poches d'une blouse blanche, Ocine l'épicier arabe, les vit accourir avec méfiance. Quand ces quatre choléras envahissaient le magasin, Ocine aurait voulu une paire d'yeux supplémentaires dans les oreilles. Comme à l'accoutumée, ils se dispersèrent entre les allées étriquées, Daniel et Malik d'un côté, Alfonso et le gros Laurent de l'autre. Ils explorèrent les rayons, enthousiastes. Derrière eux, le pauvre épicier s'efforçait de les surveiller, penché tantôt d'un côté, puis de l'autre de la muraille de victuailles qui séparait les gamins. Ils achetèrent en fin de compte vingt-cinq centimes de chewing-gum. Ocine regarda attentivement leurs vêtements, mais il ne vit aucune enflure suspecte.
« Un chewing-gum pour quatre, les gars, c'est pas la fête.
— On se le prêtera monsieur Ocine », dit Daniel.
Ils sortirent en se bousculant. Ocine les entendit rire une fois dans la rue et comprit qu'il s'était encore fait avoir.
Un peu plus tard et quelques rues plus loin, ils s'engouffraient dans le vieux passage du Grand-Cerf, un coin tranquille pour manger un morceau.
Malik extirpa de son pantalon un paquet de petits-beurre écrasés, Daniel retira de son cartable un grand pot familial de crème de cacao à la noisette. Ils se partagèrent les biscuits, les index forèrent suavement la pâte.

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